Kyle Eastwood

   Be Bop
Kyle Eastwood
Dans le cadre du festival : Ferté Jazz

Avec une dizaine d’albums à son crédit, Kyle Eastwood n’a pas cédé sur son désir. S’il fait des apparitions, plus jeune, sur les écrans, il décide au sortir de l’adolescence de se consacrer au jazz. Tout en composant plusieurs musiques pour son père (Mystic River, Million Dollar Baby ou Letters From Iwo Jima), il confirme sa carrière de leader au fil des ans. Contrebassiste et bassiste, il demeure fidèle à une approche traditionnelle et mélodique du jazz, qu’il enrichit souvent d’ornements lyriques. « Le cinéma est ma seconde passion » avoue-t-il. Il paraissait donc naturel, qu’aujourd’hui, son quintet se penche sur les bandes originales de film. L’album s’ouvre sur Bullit, célèbre pour sa course-poursuite à travers les rues de San Francisco, dont la bande-son est signée Lalo Schiffrin. Une version enlevée, où la contrebasse ductile de Kyle Eastwood se détache de l’ensemble, préparant le terrain au piano facétieux d’Andrew McCormack. S’en suit le thème de Taxi Driver, écrit par Bernard Hermann, le compositeur d’Alfred Hitchcock, dont l’inquiétante introduction rappelle les balades de Travis (Robert de Niro), la nuit, en taxi new-yorkais. Pour ce faire, le saxophoniste Brandon Allen et le trompettiste Quentin Collins renouvèlent une mélodie connue de tous. En compagnie de la chanteuse Camille Bertault, le quintet donne, en outre, une relecture rythmée des Moulins de mon cœur, hymne nostalgique de Michel Legrand. Le thème suivant, The Eiger Sanction, a été écrit par John Williams pour Clint Eastwood. Point d’orchestration symphonique, chère au compositeur attitré de George Lucas, mais une formation resserrée, où se distingue le jeu sensuel du pianiste Andrew McCormack. Quant aux cuivres, toujours à l’unisson, ils redoublent de vigueur. La mélancolie n’est pas en reste, grâce à la voix caressante du chanteur Hugh Coltman, sur le thème de Gran Torino, composé par les Eastwood père et fils. Le groupe ne se prive pas, non plus, d’un peu d’humour, avec le classique d’Henry Mancini, Pink Panther Theme. A son écoute, on se surprend à penser que cette ritournelle était d’abord une œuvre de jazz raffinée. Pas de musique de film sans Ennio Morricone, qui conçut la ballade du long-métrage « Vertiges », Per Le Antiche Scale. Toute la poésie du génie italien est subtilement évoquée par le pianiste du groupe, très sensible au jeu de Kyle Eastwood. Ce dernier s’approprie, par ailleurs, une autre musique d’Henry Mancini : celle du film Charade, du regretté Stanley Donen, qui mettait en scène Audrey Hepburn, plongée dans une histoire troublante. Parfaitement unis, les musiciens donnent une interprétation exigeante de ce thème, transcendée par les arrangements audacieux de Brandon Allen. Les propres compositions de Kyle Eastwood ne sont pas négligées pour autant. Unforgiven (Impitoyable) est repris en trio avec contraste et profondeur. La chanson de Skyfall, l’un des derniers James Bond, est, quant à elle, traitée de manière singulière, laissant libre cours aux improvisations inventives des jazzmen. Enfin, un instrumental épuré de Gran Torino contribue à parfaire cet hommage réussi. Kyle Eastwood a fait sienne la phrase de Marcel Proust « Le vrai voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux ». Par son approche humble et respectueuse de ces musiques, connues du plus grand nombre, il remet au goût du jour des œuvres originales devenues, avec le temps, des classiques.

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