Gabriel

Minino Garay martèle la France depuis le début des années 90, et il serait temps qu'elle donne raison à cet enragé de la percussion. Infatigable chef d'orchestre et compositeur, voilà dix ans qu'il écume la planète en assemblant les peaux, les cuivres, les voix, les cordes, tout ce qui se danse et se mélange en sonnant autrement. Avec lui, les continents s'embrassent. Superbe accompagnateur, j'ai eu le plaisir de faire mes premiers pas en musique électronique avec lui dans mon groupe Time For Change avant qu'il ne me quitte pour DeeDee Bridgewater (qu'il trompera avec Christophe, juste le temps d'un mythique Live à l'Olympia, mais tout ça est une autre histoire, fermons la parenthèse)
Et puis voilà qu'il fit l'impensable : un disque de jazz ! Avec un vrai piano et une vraie contrebasse et bon, bien sûr, un set de batterie un peu trafiqué. Beaucoup d'invités sur ce disque, qu'il a bien voulu accepter de jouer en trio pour Sorano Jazz, mais surtout beaucoup d'amour de la musique et la mise à nu de son moi intime et lyrique auquel il donne son prénom : Gabriel.

Pour l'accompagner, un complice de plusieurs années, incroyable claviériste, que ce soit chaud bouillant au synthé dans Sixun dont il est le co-fondateur ou superbement mélodique au piano dans ses projets les plus récents, Jean-Pierre Como ne se présente plus. Quand il ne tourne pas avec Jean-Luc Ponty ou enregistre pour Anne Ducros, il trace sa route libre et inspirée sur un clavier toujours sincère et lumineux. Son lyrisme répond à celui de Minino, et donne toute son âme à ce projet.

Quant à Jerôme Regard, je renvoie à sa présentation de mon concert en octobre, prouvant par là qu'il est un musicien excessivement demandé, dans les contextes les plus différents. Ici il enracine profondément les rythmes développés par Minino, soutient Jean-Pierre dans sa perpétuelle recherche mélodique, et affirme sa voix de soliste exceptionnel.

Ce concert devrait être d'une brûlante intimité.

Laurent de Wilde