Krazy Keys

"88 touches ça fait déjà beaucoup de notes; c'est la raison pour laquelle on voit rarement plus d'un piano sur scène. L'Espace Sorano encourageant la folie douce, ce n'est donc pas un, ni deux, mais trois claviers qui seront présentés ce soir-là. Un piano bien sûr mais aussi un piano électrique Rhodes et un orgue Hammond.
Chacun d'un timbre très différent, ces trois instruments ont laissé dans l'histoire des claviers une marque éternelle et ne demandent, comme on le verra ce soir, qu'à converser ensemble. C'est pourquoi j'ai convié à cette folie deux de mes plus éminents confrères.

Pianiste, producteur, arrangeur, compositeur, Eric Legnini est depuis plusieurs années à la tête d'un trio magnifique dont les joyeuses pulsations ont résonné sur toute la surface du globe (et dont le dernier opus vient de remporter une Victoire). Un des très rares grands leaders à savoir se mettre en retrait, Legnini est également un accompagnateur de choix pour les princes du genre : Stefano di Battista, Manu Katché, les frères Belmondo, tous ont loué son sens parfait de l'à-propos, sa précision, sa finesse, son swing toujours solide et chantant, bref un vrai gentleman du piano qu'il me tarde de retrouver sur scène.

Benjamin Moussay est quant à lui un grand pousseur de sons. J'entends par là qu'il va chercher sans relâche comment élargir les couleurs, les ambiances, les matières. Pétillant de musique, adepte impénitent du Rhodes, du piano, du synthétiseur, de l'ordinateur, de l'orgue Hammond, Benjamin a très rapidement frotté son inépuisable et inventive vigueur à celle des grands explorateurs du jazz : Daniel Humair, Archie Shepp, Louis Sclavis, Glenn Ferris… Accompagnateur subtil et inspiré de chanteuses raffinées telles que Claudia Solal ou Youn Sun Nah, il excelle à trouver dans toutes ses rencontres la voix juste qui fait fondre le son et le transforme en une pure boule de musique. Rien que d'en parler, ça me donne envie d'y être !"
Laurent de Wilde